Les Acteurs de l'Ombre Fest Ⅱ

Rédigé par Yahiko 1 commentaire
Les Acteurs de l'Ombre Fest Ⅱ

Du 20 au 22 mai 2022 je me suis rendu, avec un pote, à la seconde édition du festival du label associatif, spécialisé dans le black metal, Les Acteurs de l'Ombre.

Direction la maison de quartiers de Doulon pour un week-end en enfer, et je ne parle que de la météo.

Attention, cet article mentionne de la consommation d'alcool. Un peu.

Petit point avant de commencer l'article : je suis souscripteur de la Nuée des Ombres, le genre de fan club (n'ayons pas peur des mots) / financement participatif du label, pour cette saison 2021 - 2022. J'ai donc peut-être une approche du festival un peu différente de part le côté très vaguement VIP. De loin. Même si j'ai payé hein. Un peu moins cher, mais j'ai payé.

Quoicécé Les Acteurs de l'Ombre ?

Je pense qu'il est bon de mettre les choses dans leur contexte avant de parler du festival. Les Acteurs de l'Ombre Productions est un label spécialisé dans le black metal et les sous-genres associés (black atmosphérique, post black...), mais pas que, fondé par Gérald Milani en 2008. Là où le label est intéressant, c'est aussi par sa démarche. Il s'agit d'une association loi 1901 qui, contrairement à pas mal de labels de métal, n'a donc pas vocations à se faire de la thune en masse.

Logo de Les Acteurs de l'Ombre

Pour aller un peu plus loin, je vous invite à écouter la longue interview donnée par Gérald Milani à Sylvain Bégot (fondateur et compositeur du groupe de doom death Monolithe) dans le podcast Dans le secret des dieux. C'est très intéressant et éclairant sur les activités de l'association :
Entretiens avec Gérald Milani, partie 1partie 2.

Plus d'informations sur le site de Les Acteurs de l'Ombre Productions.

Le LADLO Fest

Après une première édition en 2018, une seconde édition avait été programmée en 2021 pour être repoussé à 2022 pour les raisons sanitaires que nous connaissons tous. Cette édition marque aussi les vingt ans du label et c'était surtout l'occasion d'enfin voir des groupes dont je suis friand et qui, surtout, se font assez rare sur scène.

LADLO Fest Ⅱ

Vendredi 20

Running order du jour : Abem, Lunar Tombfields, Corpus Diavolis, ACOD, Kanonenfieber.

Arrivée sur Nantes en fin d'après-midi, petit passage au Airbnb pour déposer les affaires et c'est parti pour 25 minutes de marche sous le cagnard Nantais pour nous rendre à la maison de quartier de Doulon, à l'est de Nantes. Les concerts ont déjà commencé, qu'importe. Je n'avais pas d'attentes particulières pour ce soir et mon pote, S., voulait essentiellement voir Kanonenfieber.

Discussion avec des bénévoles du label, découverte du stand de café Call of Coffee que S. avait déjà pratiqué. Bière, Russe Blanc, bière, Irish Coffee, bière, pizza, dégustation de la bière au café Call of Coffee (en collaboration avec la brasserie An Alac'h située à La Feuillée, dans le Finistère), bière. Tout cela commence très bien et très fort. Trop fort peut-être. Mais il y a des concerts. Un peu. Mais nous préférons profiter du moment. Un festival, enfin !

Photo de d'une pinte de bière et d'un Russe Blanc
Comment bien entamer le festival ? Avec une double file de pinte de bière (Session IPA je crois) et Russe Blanc de chez Call of Coffee.

Corpus Diavolis

Du black metal occulte cérémoniel à tendance messe noir façon Batushkapuche Batushka. Je suis resté sur deux morceaux sans être convaincu? Le costume du chanteur, paré de gants avec des ongles longs et mous en latex m'ont un peu achevé sur le kitch du truc. Je réécouterais en album, mais là je n'ai pas réussi à rentrer dans le concert.


Daemonicreator et ses doigts tous mous.

Kanonenfieber

Dernier concert de la soirée, le seul que je vais faire en entier. Initialement non planifiés au festival, les Allemands de Kanonenfieber ont assurés un concert hyper carré, propre et efficace sans leur matériel, paumé à l'aéroport. Ils n'avaient à priori que leurs casques à pointes, ou presque. Sur scène, le vrai barbelé a remplacé le factice dans leurs décors, interdisant par le fait tout mouvement de foule type mosh. Enfin, si certains savaient lire cela aurait été le cas.

Kanonenfieber donc. Des gus en chemises blanches qui ont fini quasi transparentes, cagoules, devenues assez habituelles dans le métal noir, képi, casque à pointe pour le chanteur, qui livre un black metal carré, propre, incisif. Les textes parlent des horreurs de la guerre et même sans comprendre le chant, en allemand, la gestuelle du chanteur est suffisamment parlante pour faire comprendre ce qu'il y a comprendre : la déclaration de guerre, les combats, l'horreur de la guerre, le désespoir, la souffrance, la défaite et la mort.

Kanonenfieber c'est excellent, mangez-en.

Photo de Kanonenfieber
Casque à pointe et cagoules.

Juste une note un peu négative : les débiles qui moshent (pogo plus bourrin) alors que l'orga a bien spécifié que non, on évite à côté des barbelés. Même sans ça cette bande de débile a manqué de respect envers tous les gens présents dans la salle qui venaient apprécier tranquillement le concert. Heureusement, ils n'étaient plus présents les jours suivants.

Samedi 20

Running order du jour : Miasmes, Jours Pâles, Sons of a Wanted Man, Contes par Quentin Foureau, Numen, Contes par Quentin Foureau, Borgne, Hyrgal, Hegemon, Wesenwille, Wolvennest.

Fait chaud, bordel. Voici mes premières paroles une fois le nez dehors après une trop courte nuit pas géniale parce que le tramway de Nantes passe en face du AirBnB et c'est pas très rigolo même avec des bouchons d'oreilles. Bref. Deuxième journée, plus de concerts de prévu et moins de bière parce que la mini cuite de la veille n'est pas tout à fait redescendue. Et puis renverser une Imperial Stout parce qu'on a deux mains gauches, ça fait chier.

Mais finalement pas autant de concerts qu'espéré, à cause d'une petite réunion de La Nuée des Ombres où nous sommes repartis les bras pleins de goodies, que nous avons décidé de déposer au AirBnb et donc de louper une heure et demie du festival.

Jours Pâles

Concert plutôt très attendu pour ma part. Il s'agissait du premier concert de la formation emmenée par Spellbound, tête pensante du projet et entre autres chanteur d'Aorlhac. Si les débuts ne semblent pas forcément simples, tout se met en place rapidement et qu'est-ce que ça fonctionne bien. Du DSBM mélodique, mélancolique et magnifique. Ça joue bien, Spellbound crache ses tripes. Une excellente prestation. Je ne suis pas déçu du voyage.

Photo de Jours Pâles
La dépression qu'elle est bien.

Sons of a Wanted Man

Formation belge de Post Black. C'était carré, propre, chouette, mais je n'ai pas été complètement transporté. J'y remettrais une volontiers une oreille à l'occasion

Hegemon

Grosse découverte et grosse claque. Un chant incroyable, un instru au top, une prestation carrée, propre et nette.

Wesenwille

Du black / post black plutôt indus très froid. C'est chouette, mais je crois que, assis sur les gradins, j'ai réussi à piquer du nez pendant le concert.

Wolvennest

Alors là, il y a beaucoup à dire. Groupe de black / doom / drone / experimental / psychédélique / ambiant / plein de choses, une formation vraiment particulière dans le paysage du festival. C'est lourd, mélodique, psychédélique, planant, répétitif. J'ai vraiment été transporté par les rythmes entêtants, les riffs psyché, les envols de thérémine et l'ambiance absolument mystique du concert. Une très belle découverte que je réécouterais posé tranquillement à la maison, au casque, avec une bonne bière.

Reste que au bout de deux-trois (très) longs morceaux j'en ai eu un peu marre. Surtout à cause de la chaleur difficilement supportable qui reignait dans la salle. J'ai donc fait la chose la plus sensée qui soit : boire une bière.

Retour dans la fraîcheur du soir et la chance de pouvoir discuter musique, rock progressif, stoner / doom avec le conteur Quentin Foureau (voir plus bas, et écoutez Cataèdes) sur une partie du chemin.

Dimanche 21

Running order du jour : Limbes, Griffon, Les Chants de Nihil, Contes par Quentin Foureau, Darkenhold, Contes par Quentin Foureau, Moonreich, Pénitence Onirique, Aorlhac, Seth.

Flemme, fatigue, chaleur et orage en vue. Mais une super journée, des discussions très chouettes avec Kévin et Justine de Call of Coffee, Vincent de la brasserie La Couille de Loup et des bénévoles du label.

Les Chants de Nihil

Deuxième fois que nous les voyons la formation emmenée par Jerry, après une date sur Saint-Brieuc en commun avec Regarde Les Hommes Tomber (qui était une claque incroyable). Toujours efficace, un son au poil. Un bon moment. Chapeau à Youenn, bassiste du groupe, qui a assuré alors qu'il s'occupait de la technique sur une partie des concerts.

Chapeau aussi à Jean-Michel Hellfest qui s'est écroulé, ivre mort, sur l'estrade, mais qui a réussi à lever le bras jusqu'à la fin malgré sa déchéance, avant de disparaitre du festival.

Contes par Quentin Foureau

Nous avons pu apprécier les deux sessions de contes contés par le conteur (sans dec, merci de la précision) Quentin Foureau, le tout assis à l'ombre d'un chêne centenaire. Nous avions déjà eu l'occasion de le voir avec Cataèdes (accompagné de Dörmin aux instruments). C'était un plaisir de le retrouver ici avec des contes plus courts mais toujours racontés avec brio et un phrasé si particulier qui fait le charme des bons conteurs.

Darkenhold

Pas trop motivé, il faisait trop chaud, je suis parti boire un coup. Pourtant j'aime bien en album, mais la volonté m'avait quitté.

Moonreich

La bagarre. Brutal, primal, violent mais hyper efficace. Mixez Revenge, en moins bourrin, et Midnight, en moins rythmé et mélodique, et vous aurez une idée de l'engin.

Photo de Moonreich
Capuches et brouillard.

Pénitence Onirique

Concert ultra attendu et wow. Wow wow wow. Pour un groupe qui n'a pas beaucoup répété ensemble avant me concert, la prestation était propre, carrée, mélodique. Du beau jeu. Le chant de Diviciacos est hallucinant, avec des cris dont on se demandait quand ils allaient s'arrêter. Une belle claque et j'en reveux, encore et encore.

Photo de Pénitence Onirique
Sans conteste ma photo la plus réussie du festival, sans compter le bruit numérique.

Aorlhac

Autre prestation très attendue. Si les musiciens étaient au top musicalement (Mandrin l'enfant sauvage, quelle claque les enfants, quelle claque), le chant de Spellbound était un peu en dents de scie. Les cris bien placés mais la voix, et le bonhomme, semblaient fatigués. Ce n'était pas pour autant une déception et je suis bien content d'avoir enfin vu Aorlhac en concert.

Photo d'Aorlhac
Spellbound donne tout ce qu'il peut. Il faisait 1000°C dans la salle.

Seth

Fatigués, S. et moi voulions partir. Nous nous sommes fait toper et gronder par le webmestre de LADLO comme quoi il fallait aller voir Seth, que c'était la tête d'affiche du jour, que les mecs du groupe avaient eu mille galères aujourd'hui à cause d'une panne de véhicule... Bon. On y va.

Mélodique, très chouette sur le plan artistique, mais je n'ai pas accroché. Trop chaud, trop fatigué, plus motivé. Mais je réécouterais ça au calme, assurément.

Photo de Seth
Seth, ou le concert de la flemme.

Retour sous une pluie torrentielle accompagnée d'un formidable orage. Des éclairs déchiraient le ciel, leur lueur éclairait les immeubles et le grondement du tonnerre résonnaient entre les bâtiments. C'était un peu apocalyptique et presque un beau final pour la fin d'un festival faisant la gloire de l'occulte et de Satan. Ou alors c'était la résultante d'un week-end quasi caniculaire.

Photo de la pluie torrentielle
Il pleut sur Nantes, et les metalleux sont trempés.

Conclusion

Fichtre que je ne sais pas parler de musique. Un bien beau festival, super bien organisé, de superbes concerts, et magnifiques rencontres, une ambiance géniale, un vrai choix de bonnes bière, d'excellents cafés et autres Irish Coffee, beaucoup de rigole et ça, ça a vraiment fait du bien. Une bouffée d'oxygène bienvenue après deux années moribondes au niveau musical et culturel. Si une troisième édition se réalise, selon les résultats réalisés par l'association, nul doute que j'en serais.

Reste que moi, grand Breton fragile, j'ai beaucoup souffert de la chaleur qui m'a un petit peu empêché de profiter autant que j'aurais voulu. Mais c'est peut-être ça ma punition pour avoir menti devant Dieu.

...

Peut-être est-ce parce que la semaine précédant le festival j'ai dit à un curé que je rejetais le péché et Satan, lors du baptême de mon filleul. Je ne suis pas superstitieux, ni croyant, mais ça en serait presque à se demander.

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